WENLI LI
Introduction au mémoire de:
VERS L'HORIZON OUVERT
Par l’étude de sources diverses, je me suis notamment intéressée à différentes mythologies, au land art, à la communication émotionnelle et aux motifs présents dans la nature. Les techniques artistiques dont la pratique m’est chère sont la photographie, la performance, le dessin, et la vidéo. Par ces médiums, j’essaye d’exprimer mes idées, j’élabore un monde idéal, imaginal, imaginaire, qui tend subtilement vers la rêverie. Le titre «Vers l’Horizon Ouvert » fait référence à mes pérégrinations du village détruit de mon enfance, vers la ville et jusqu’à l’horizon ouvert. Cette notion d’horizon ouvert évoque mes utopies, le monde idéal que j’imagine. «Vers l’Horizon Ouvert » se compose de trois parties. Le premier temps de ce projet est consacré au « village détruit », le second aux « villes sans fin » et le dernier au «monde idéal » qui émane de mes rêveries. Mes pérégrinations entre villes et nature, zones urbaines et rurales dessinent un réseau de ligne qui relie ces deux lieux réel et ce territoire imaginaire. À travers le prisme de mon vécu, je me suis intéressée à ces changements d’environnement et à l’influence de ses paramètres environnementaux sur la vie des habitants. Depuis mon enfance, je suis fascinée par les lignes imaginaires qui m’apparaissent dans mes rêves. Je m’intéresse au chemin qui évolue sous mes pieds, à ma trajectoire de vie, et à ce mot «horizon» qui résonne si fort en moi. Le terme d’« horizon ouvert » que j’ai choisi désigne aussi bien les paysages naturels qu’il s’agisse de paysages terrestres, maritimes ou urbains. Dans son sens littéral, l’horizon est alors le trait qui marque la séparation du ciel et de la terre ou la ligne de rencontre entre la mer et le ciel. Les déserts immenses, les prairies, les collines, les montagnes ou la mer sont autant de lieux de nature caractérisés par des tracés spécifiques de leur horizon. Au sens figuré, le terme « horizon » symbolise non seulement la route, la trajectoire que j’ai effectuée mais aussi une rêverie personnelle, tressée des lignes invisibles et imaginaires de mes pérégrinations.
C’est à partir des chemins que j’ai empruntés dans le monde réel que j’ai tissé un monde idéal qui m’est propre par ma pratique artistique, j’essaye de retranscrire ce monde imaginaire. Au-delà de mes routes, se forme progressivement dans mon cerveau une mémoire du temps qui se trace telle un flux de conscience. Cette ligne de mémoire forme comme une carte topographique du paysage. Ce paysage cartographié est unique et c’est ma récolte des histoires excellentes.
En tant qu’artiste plasticienne chinoise je commence à travailler sur le réseau d’anti urbanisme. Parcourant les villes et la nature ce réseau est construit par des routes et des chemins sous les pieds. Le réseau est non seulement construit entre la ville et la nature, il est aussi construit par les changements émotionnels entre les êtres humains. En même temps, une observation approfondie sur des relations entre la nature et les habitants de la ville est nécessaire pour se concentrer sur les problématiques environnementales, sociales et psychologiques. « L’horizon ouvert », est-il un symbole de transition du monde profane au monde idéal? Symbolise-t-il plutôt le passage de la contrainte de vivre dans les villes vers une liberté permanente ? Ou encore justement cet horizon va se prolonger dans nos vies jusqu'à la solastalgie qui telle l’eau coule sans fin dans nos corps. Ces multiples questionnements ont laissé une profonde empreinte dans mon esprit.
Aussi, le suicide du poète Hai Zi sur des rails à Shanhaiguan est un mystère toujours sans réponse. Le poète disparu à 25 ans laisse alors derrière lui un célèbre poème : « Face à la mer, au printemps doux s’ouvrent les fleurs ». Hu Bo , un patient dépressif, s'est suicidé à cause du stress et de la dépression. En mettant fin à sa vie dans ce monde, peut-être croyait-il entrer dans un prochain monde idéal qui « fleurit au printemps ». Nous vivons dans ce monde actuel, nous avons conçu des utopies et des eldorados sur le plan spirituel. Dans le contexte culturel oriental, ce monde idéal est décrit comme « la source de fleur de pêche de l'âge florissant ». La dimension utopique ou la « source de fleur de pêche», sont en un sens le prolongement de l’horizon ouvert. Ces mondes de l’esprit s’éloignent du paysage naturel, ils continuent de construire le riche monde spirituel de l’humanité